Voyage vers l'Est

Yanno avait été attaché à un long baton, pieds et poings liés; deux des écureuils volants le transportaient. Au début, il tenta de se libérer, mais fut très vite assomé.

Martin eut à peine le temps de dégainer son épée lorsque le filet lui tomba dessus. Cependant, déséquilibré, il la lacha, et un des écureuils volants la ramassa.
Voyant que se débattre ne servait à rien, il resta calme et obéit docilement quand on lui fit signe d'avancer.

*J'espère que Pivoine et Touff ne se feront pas attraper*

Ils marchèrent un moment dans la forêt, et les écureuils volants restèrent muets.
Soudain, l'un d'eux poussa un long sifflement, qui fut repris plus en avant sur le chemin.

C'est alors qu'ils arrivèrent dans une étonnant clairière. Des troncs d'arbres morts avaient été placés verticalement, solidement ancrés dans le sol, et au sommet avait été disposé une sorte de plancher sur lequel reposait une hutte dont la charpente faite de longues branches courbes avait été recouverte de feuilles.
Tout un village était ainsi formé. Les écureuils volants pouvaient se déplacer d'une hutte à l'autre en planant.

Une hutte plus grande que les autres surplombait le tout. C'est dans cette direction qu'on mena Yanno et Martin.
Une fois arrivé au pied du tronc d'arbre, un des écureuils volants siffla et une échelle de corde tomba de plus haut. Les prisonniers furent invités à monter à petits coups de pique.

les écureuils volants avaient "réveillé" Yanno. Il constata qu'ils l'avait libéré de ses liens afin qu'il monte vers l'endroit indiqué. Ils semblaient nerveux et le tenaient en respect du bout de leurs javelines. Mais cette fois, Yanno avait compris le message. Aussi avança-t-il docilement, bien que malgré lui...

Pivoine et Touff n'avaient pu s'approcher du village, trop fréquenté et trop bien gardé, mais ils pouvaient apercevoir les quelques cinquantaines de huttes, plus ou moins hautes. L'ensemble, d'une grande beauté, était saisissant.

L'endroit était vraiment idéal pour des animaux aimant l'altitude, et à ce moment, les deux cousins enviaient ces sorte d'écureuils à membrane, et la vie qu'ils menaient.

Mais ils ne devaient pas perdre de vue qu'ils avaient capturé leurs amis.

"La hutte centrale semble être la plus importante" souligna Pivoine. "On y conduit nos amis, nous devons trouver un moyen d'entrer !"

Une fois dans la hutte, les écureuils volants ne leur remirent pas leurs liens à Martin et à Yanno. Ils les tenaient simplement en respect avec leur lance.
Soudain tous les écureuils firent une sorte de révérence en se tournant vers le fond de la hutte, et ils sifflèrent de concert, un long sifflement sur une seule note. Seuls deux d'entre eux surveillèrent Martin et Yanno.

Alors, marchant avec une grande dignité, apparut un écureuil volant dont la fourrure était plus claire que celle des autres. En fait, il était très probablement albinos. Il portait une cape noire qui semblait être faite de feuillage qu'on aurait noirci avec du charbon. Dans sa main droite, il tenait un sceptre sur lequel se tenait un oiseau dont l'espèce ne disait rien à Martin. Lorsque le chef arriva devant les prisonniers, il frappa un coup avec son sceptre sur le sol. Surpris, l'oiseau s'envola et alla se poser sur l'épaule gauche de l'écureuil volant. Ce dernier prit alors la parole:

- Vous être des étrangers. Nous ne pas vouloir de vous sur notre île. Nous avoir vu le grand bateau qui vous attend près de la côte. Nous ne pas vouloir qu'il vienne plus près d'ici.

Apparemment, s'il connaissait le langage de Mousseray, il le parlait avec quelque difficulté.

- Je suis Martin, fils de Luc, guerrier de Rougemuraille, et je vous salue. Nous ne venons pas avec des intentions mauvaises. Nous souhaiterions plutôt échanger avec vous nos connaissances sur le monde qui nous entoure. Nous sommes partis de chez nous pour savoir comment est la partie du monde que nous ne connaissons pas.

- Moi être Djirik, grand sage du peuple des polatouches. Nous ne pas avoir le temps de nous occuper de vous. La fin de la saison approcher et bientôt les pirates arriver. Nous devoir nous préparer à nous défendre.

- Laissez-nous au moins rester sur l'île! Nous nous débrouillerons tous seuls.

- Non. Si moi faire ça, vous aller chercher vos amis sur le grand bateau et revenir. Et alors vous attaquer nous!

- Pas du tout! Je vous l'ai dit nos intentions sont bonnes. Et si nous vous aidions à vous battre contre ces...pirates?

- Vous être trop différent de nous! Vous n'avoir aucune chance. Mais puisque vous ne pas vouloir partir, nous devoir tuer vous!

Sur un ordre de Djirik, certains polatouches s'approchèrent des deux prisonniers avec un air menaçant...

C'est alors qu'un petit craquement se fit entendre, suivi par un cri de surprise. Levant la tête, ils aperçurent une patte orange qui s'était enfonçée dans la toiture. Ils éclatèrent de rire quand cette patte gesticula, essayant vainement de remonter. Par contre, ils trouvèrent beaucoup moins drôle le fait que le toit céda, emporté par le poids, et qu'une masse s'effondra sur eux.

Une tête passa par la nouvelle ouverture du toit, et elle était visiblement en colère.

"-Touff, ça va ? Espèce de crétin, je t'avais dit de ne pas me suivre, tu es beaucoup trop lourd pour ce toit végétal ! Tu as tout fait foir... raté ! Bravo pour la discrétion ! Comment on fait, maintenant ? Je suppose que tu as un super plan pour sortir de cette case sans te faire remarquer ?! Hé bien, vas y ! Rahhh, si seulement tu obéissais quelques fois ! Je te laisse le soin de délivrer nos amis, malin comme tu es !!! "

Elle aurait pu continuer longtemps si le Djirik le sage ne l'avait pas interrompue.

" -Qui vous être, encore ?

- Je suis une écureuil, ça n'se voit pas ?!!!

- Non. Toi polatouche. Polatouche sans voile, mais polatouche quand même."

Pivoine sembla se calmer tandis qu'une idée germa dans sa tête.
Elle sauta habilement dans la hutte et elle s'inclina devant Djirik.

" - Grand sage, je me nomme Pivoine, et voici mon cousin Touff ( regard incendiaire vers Touff, elle n'allait pas le lâcher de sitôt). Si nous somme des polatouches, pourquoi voulez-vous tuer nos amis ?

- Etrangers être vos amis ?

- Oui, grand sage.

- Alors... repartir tous sur bateau et plus revenir.

- Vous aviez parlé de pirates ? Peut-être pourrions nous vous aidez ?"

Yanno commençait à s'impatienter, lentement mais sûrement. Toutefois, comprenant la tentative de Pivoine, il s'efforça de se taire... Tant bien que mal...

Martin écouta attentivement Djirik et Pivoine discuter. Cependant lorsque l'écureuil reproposa au polatouche de les aider à combattre ces pirates, le chef eut à nouveau la même réaction:

- Non! Non et non! Vous avoir beau être des polatouches, vous ne pas avoir de voile, donc vous n'avoir aucune chance!

A cet instant, une série de sifflements retentit à l'extérieur.
Le visage de Djirik se figea alors un instant, puis il murmura:
- Ils sont en avance...
Une ombre passa sur le sol de la hutte. Martin leva les yeux vers le haut, là ou le toit avait été troué par Touff. Il vit passer un gros oiseau principalement noir.
- Qu'est-ce donc?demanda-t-il.
- Ceci être les pirates!

Martin comprit alors pourquoi Djirik les considérait comme n'étant pas à la hauteur. Les pirates étaient des oiseaux, et les polatouches avaient beaucoup plus de possibilité de se battre contre eux car ils pouvaient planer.

- Les cormorans être généralement au bord de la mer, expliqua Djirik, mais régulièrement eux venir ici pour voler notre nourriture et parfois pour tuer certains d'entre nous. Eux ne sûrement pas attaquer tout de suite, eux attendre la nuit. Nous savoir qu'eux être là, mais nous devoir forcément dormir à un moment où à un autre. Et là, eux avoir nous.

"Si vous voulez, j'peux manier la fronde, la hache d'armes et l'épée." "Et j'suis prêt à combattre n'importe quelle créature malfaisante qui vole ou qui marche." "Et puis, je ne veux pas être votre ennemi, mais si vous voulez m'tuer, j'compte pas me laisser faire!"Conclut-il avec une pointe d'agacement.

"- Moi, j'me débrouille au maniement de l'arc... C'est pratique, vous connaissez ? Peut-être qu'avec des méthodes différentes des vôtres, on les surprendra... Comment se passe habituellement vos combats ?"

Shiro était revenu au pays après plusieurs saisons d'absence. Il fêta ses retrouvailles pendant une semaine entière. Il passait ses journées à raconter ses aventures au bout d'Chou tanukis.Mais aujourd'hui , Le Supérieur, Kurota le vaillant, l'avait convoqué. Il lui avait expliqué que des cormorans agressaient et volaient les habitants du domaine. Ceci fait le vieux guerrier lui avait annoncé qu'ils projetaient d'attaquer un campement d'écureuils volants, et qu'il aimerait que Shiro parte avec quelques tanukis afin de se débarrasser de ces pirates volants.
Voila donc une bonne heure que la petite équipe marchait quand le campement fut en vue. Il s'étaient au préalable muni de grands arcs de bambou. Les compagnons s'aperçurent que quelques oiseaux survolaient déjà les cabanes. Shiro et les 5 tanukis se dirigèrent promptement vers la cabane principale.Shiro ouvrit la porte en coup de vent.Quelle surprise a-t-il lorsqu'il vit la petite troupe de Martin:

-Chef Djirik,dit il poliment, le Supérieur nous envoie vous aider contre les pirates volants

L'interessé brailla à nouveau : Nous n'avons pas besoin de votre aide, vous ne volez pas plus que ces moitiés de polatouche!, ajouta-t-il.

Shiro gardait tout son sang froid, il avait l'habitude des écureuils volants, un peuple fier qui ne supporte pas l'idée de dépendre des autres.Cependant, s'il pouvaient repousser les cormorans, il ne parvenait pas à les chasser totalement.En effet les polatouches planent et les oiseaux volent par eux même, ce qui leur donnent un avantage certain. L'écureuil noir se décida alors à parler:

En parlant de ceux-là ...qui sont-ils ? Au moment même ou Shiro se posait cette question, ses yeux tombèrent sur un polatouche qui portaient une des armes des prisonniers. Qu'est ce que ?
Le guerrier, mue par une vigueur soudaine, l'arracha presque violemment des mains du jeune polatouche, qui effrayé, ne fit pas le moindre geste. Shiro dégaina l'épée de Martin. Il l'avait reconnue à son pommeau rouge.Au cours de son voyage, il avait de nombreuses fois entendu parlé de du légendaire Martin le guerrier, on lui avait même demandé si ce n'était pas lui. Shiro apprécia le poids de l'arme. Elle était plutôt légère.Sa lame, légèrement damassée montraient tout le savoir faire de son créateur.Celui ci devait utiliser des techniques très similaires des Seigneurs blaireaux d' Orient, En effet on pouvait remarquer des ondulations près du tranchant, trahissant une trempe à l'argile, technique pourtant farouchement gardée secrète par les forgerons blaireaux orientaux.Cette épée, il le savait avait une facture similaire à celle accrochée dans son dos.

Libérez ces gens, Djirik, je réponds d'eux,ce sont des personnes de confiance; finit il par dire.
Shiro remis l'épée dans son fourreau et la tendit à Martin

-ça pourrait grandement vous servir, quand les oiseaux passerons en force, dit il, La présence d'un guerrier tel que vous est toujours le bienvenue ! Et je suppose que vos compagnons ne serrons pas en reste non plus !

» Voyage vers l'Est (1)
» Voyage vers l'Est (2)
» Voyage vers l'Est (3)
» Poursuite du voyage