Voyage vers l'Est (2)

Lorsque le chef de l'Ugmuray fit arrêter les bateaux, Anselme se hissa péniblement sur la berge. Engourdi par le long trajet sur le tronc, il fit jouer lentement ses articulations. Puis il prit place dans la file pour le repas. Lorsque vint son tour, le cuisinier dévisagea Anselme avec des yeux ronds, et lui remplit deux bols de ragoût à ras bord :

"Une grosse bête comme vous doit avoir un appétit hors du commun ! Tenez, mangez !
-Merci mon ami, bien que je doute que mes performances culinaires arrivent à la cheville de Jeannot Longuepatte !"

Anselme s'assit sur la berge, trempant ses pattes dans l'eau. Bientôt la souris nommée Martin vint le rejoindre :

"J'ai beaucoup baroudé dans ma vie, Martin, mais je n'ai jamais vu une lame comme la vôtre !"

- En effet, répondit Martin, elle est parfaitement équilibrée, et je l'apprécie beaucoup. Elle a été forgée par le seigneur Biso le Héros à partir d'une étoile tombée du ciel, et il a fait preuve d'une très grande habileté et précision lorsqu'il l'a forgé. Tenez, je vous laisse l'essayer.
Martin tendit son arme à Anselme, puis se leva et alla vers la marmite pour reprendre un peu de ragoût.
Une des musaraignes qui cuisinait lui demanda:
- Il n'y a plus de pain, voudriez-vous bien aller en chercher dans le bateau qui contient les vivres?
Martin s'exécuta et alla vers le tronc d'arbre. Celui-ci était recouvert par une bâche, que le guerrier souleva.

Dessous, une taupe et un hérisson tachaient avec succès de couper deux tranches de fromage au noix.

- Grataterre! Picfrap! Que faites-vous là?

Anselme empoigna la merveilleuse lame. Dans ses pattes de géant, ce n'était qu'un long poignard. Néanmoins, il perçut une certaine aura à travers le métal. Il la fit tourner un instant dans l'air, puis trancha en deux une vieille souche. Pour un guerrier de la taille d'une souris, c'était l'arme idéale. Puis il la leva au dessus de sa tête, et l'abaissa lourdement sur un des rochers de la rive. Celui-ci se fendit en deux sur toute sa longueur. Mais l'épée de Martin était restée intacte. Comme toutes les armes forgées par des seigneurs blaireaux, elle était indestructible. Alors qu'Anselme revenait vers Martin pour le complimenter sur son épée et la lui rendre, il le vit en grande conversation avec deux minuscules créatures, une taupe et un hérisson :

"Ainsi, vous avez des passagers clandestins ?"

La taupe regarda l'immense blaireau avec des yeux émerveillés.

*Un blairrrieau! Adulte! J'en avions d'la chance! J'pouvions ben rr'tourrner à Rrougemurraille, maint'nant qu'j'avions vu ça!*

Mais elle ne fit pas un geste tandis que l'étranger, d'une voix de stentor teintée d'humour, faisait remarquer à Martin qu'ils avaient des passagers clandestins.

Mais la petite bande était loin de se douter qu'un dangereux ennemi les avait suivit depuis leur départ . Martin le guerrier allait bientôt regretter d'avoir accepter de laisser les bout d'chous venir avec eux .
Il c'était caché pendant des mois mais voila qu'il refaisait surface . Cette ennemi ne pouvait être autre que Tétrik ! Tétrik le Sadique ! Le rat les avait suivis avec un but bien précis dans la tête : il voulait se venger et tuer Martin une bonne fois pour toute .
Caché derrière un épais buisson,Tétrik avait une vu parfaite sur Martin le Guerrier ainsi que ses compagnon .
Le rat plissa le museau . Quelque chose semblait l'embéter...

-M'a l'air bien puissant l'espèce de gros blaireau là bas...J'vais me débarrasser d'ce crétin a coup de flèche et après on verra bien qui sera l'plus fort ! Chuchota t'il pour lui même

Tétrik le Sadique déposa délicatement son arc prés de lui puis il glissa doucement sa patte griffu dans son carquoi attaché dans son dos . Après avoir bien positionné la flèche sur son arc,il la pointa discrètement dans un trou du buisson . Tout en visant le blaireau,il tendit la corde et dans un petit rire sadique,la lâcha .Soudain son petit sourire disparu quand il vit que la flèche n'avait pas atteint sa cible car au dernier moment,le blaireau avait quitté sa place . La flèche avait donc continuait sa course pour se loger un peu plus loin dans la coque du bateau dans lequel Martin et Les bout d'chous montait .
Tétrik Jura et grimaça . Il se tapit encore plus dans le buisson car quelque chose lui disait qu'il avait était repéré...

Martin montait dans le bateau lorsqu'un sifflement retentit et qu'une flèche se planta dans la coque avec un bruit sec.
Immédiatement, il cria:
- On nous attaque!
Puis il se jeta sur les Bout d'Chous et les fit se mettre à plat ventre, croyant que d'autres flèches allaient suivre.

Il attendit une demi-minute, puis se releva. Les musaraignes avaient sorti leurs glaives et formaient un cercle protégé par les boucliers.
Le guerrier tenta de reconstituer le trajet de la flèche pour trouver l'archer, mais le temps était venteux, et la flèche avait peut-être été déviée.

- Fouillons les alentours, dit-il, mais restez vigilants, peut-être nos attaquants sont-ils nombreux. Ah, et que quelques musaraignes veillent sur les Bout d'Chous.
Il commencèrent à fouiller.

Les yeux de Tétrik ne quittait pas Martin le Guerrier qui c'était mis a chercher d'où pouvait provenir la flèche . Tout en souriant d'un air sadique il se dit :

*Ces idiots sont plus bigleux que j'le pensé ! Remarque...ca m'arange hé hé*

Le rat se tapit encore plus tout en saisissant une nouvelle flèche qu'il positionna de nouveau sur son arc . Tétrik le Sadique vit que Martin se rapproché de plus en plus de sa cachette . Tout en se tenant prait,il dit doucement :

-S'est ça approche...voila...encore un peu...

Vif comme l'éclaire il relâcha la corde et cette fois la flèche ne manqua pas sa cible . Elle atterrie en pleins dans l'épaule de Martin qui tressaillit sous le coup .
Le cruel rat ne put s'empêcher de pousser un rire mauvais .

Lorque Martin avait fait s'allonger les Bout-d'Chous, Grataterre avait senti quelques-uns des piquants de son ami se planter dans sa peau. Assaillie par la douleur, dans l'impossibilité de bouger ou de faire quoi que ce fut à cause des musaraignes les surveillant, la petite taupe belliqueuse enrageait.
Soudain, un sifflement de flèche retentit, suivit d'un bruit sourd et d'un ricanenement. Les musaraignes et le blaireau réagirent au quart de tour, se précipitant dans la direction d'où provenait le méchant rire...

Les deux musaraignes, alertées par le bruit, ayant relâché leur surveillance, Picfrap retira ses piquants du flanc de Grataterre, et tout deux levèrent légèrement la tête pour observer la suite des évenements depuis le bastingage de la barque.

-C't'est-y qu'on d'vrrrions aider Martin, tu crrroais? demanda la taupe à Picfrap.

Mais avant que celui-ci n'ait pu répondre, une nouvelle flèche se planta dans le bord du bateau et les de Bouts-d'Chous, apeurés, se tassèrent au fond du tronc d'arbre.

[Me voilà de retour ! Désolé de mon absence et de ses conséquences sur la bonne marche du forum.]

Anselme était un combattant aguerri. Dès qu'il perçut le bruit mat de la flèche se plantant dans un tronc, le blaireau tira de sa ceinture son gourdin de bois dur et se plaça en position de défense. Personne. Ils fouillèrent les environs pendant quelques minutes, Anselme humant l'air pour tenter de repérer l'intrus :

"Il y a un rat par ici, j'en suis sûr ! Seul un rat exhale cette odeur caractéristique de poisson pourri... Martin, attention !" tonna le blaireau, mais trop tard : la flèche de la vermine se planta dans l'épaule du guerrier. Aveuglé par la rage, Anselme se jeta sur le buisson, et assomma le rat d'un magistral coup de patte sur le crâne. Puis il traîna son corps inanimé devant ses compagnons, le fouilla et lui retira ses armes. Enfin, il le réveilla en lui jetant un baquet d'eau de la rivière dessus :

"Debout, vermine ! Parle ! Qui es-tu et pourquoi attaques-tu mon ami Martin ?"

Pendant ce temps, quelques musaraignes s'étaient précipitées auprès du guerrier souris pour lui retirer la flèche de l'épaule et bander sa plaie.

La dernière chose que Tétrik le Sadique avait vu avant d'être assommé était l'image du gigantesque blaireau qu'il avait essayer d'atteindre auparavant avec ses fléches .Mais il ne resta pas longtemps inconscient car un saut d'eau glacé le ramena a la dure réalitée . Il ouvrit péniblement les yeux . Comme il voyait encore flou,le rat voulu se les frotter avec ses pattes de devants mais le blaireau les retenaient fermement . Il fit glisser sa tête sur le coté et poussa un râle :

-Oooh ma tête...

Sa vue c'était maintenant rétabli et Tétrik pouvait maintenant voir correctement son ennemi . Impressionnant...
La lâcheté du rat ne tarda pas a se faire sentir car l'image du blaireau qui se dressait devant lui,donna a Tétrik le Sadique une soudaine envie de prendre ses pattes a son cou . Malgrés tout,il cracha :

-J'parlerais pas s'péce de gros lard !

Tétrik était quand même courageux pour le traiter de gros lard...

[Pas grave, Anselme, tout le monde part en vacances un jour ou l'autre! ]

Martin cherchait l'archer lorsqu'un autre sifflement retentit et qu'une douleur fulgurante dans son épaule le fit crier. Déséqulibré, il fit un pas en avant et manqua de tomber.

Anselme réagit au quart de tour et trouva, caché dans les buissons, un rat qu'il assomma.
Quatre musaraignes couchèrent Martin et lui retirèrent la flèche, puis bandèrent l'épaule pour la protéger des chocs.
N'ayant pas atteint une organe vital, la blessure était bénigne, même si Martin ressentirait quelques jours une douleur à l'épaule. Il était heureusement ambidextre, pour ce qui était de tenir son épée, il ne serait donc pas vulnérable.

Il se releva lentement, remercia les musaraignes, puis alla vers l'attroupement qui s'était formé autour du rat. Celui-ci, réveillé, insulta le blaireau:
- J'parlerais pas s'pèce de gros lard!

Martin s'approcha encore et reconnut son agresseur:
- J'ai déjà vu cette vermine. Si je ne me trompe pas, il s'agit de Tétrik le Sadique. La dernière fois que je l'ai vu, nous nous sommes battus et je lui ai fait une balafre sur l'oeil. Peut-être est-ce pour ça qu'il m'en veut.
Martin attendit la réaction de Tétrik, afin de savoir si c'était réellement lui.

Depuis le bord du tronc d'arbre, Grataterre observait discrètement le blaireau, qui tenait la vermine par le cou comme il aurait tenu un sac de pommes de terre.

-Quand je s'rrions un' vrrraie guerrrrièrrre, j'm'en allions t'nir les varrrmines comme lui, glissa-t-elle à son ami. T'allions voaire, ajouta-t-elle devant son air dubitatif, j'm'en allions d'venirrr une vrrraie combattante, même qu'les blairrrieaux z'auront peurrr d'moé!

Anselme montra les crocs :

"Je propose qu'on le noie. Un bon bain dans toute ta fichue vie de coupe-gorge, ce ne serait pas de trop, non ?"

Joignant le geste à la parole, le blaireau saisit fermement la vermine par la patte, et, s'approchant de la rive, la plongea dans l'eau à plusieurs reprises :

"Alors, tu vas parler, oui ?"

Les yeux de Tétrik le Sadique s'arrondirent de terreur quand le grand blaireau se dirigea vers l'eau profonde .

-Aaarg attendez...

Trop tard ! Le blaireau le plongea dedans mais au grand soulagement du rat,il ne le lacha pas . Soudain,Tétrik le Sadique se mit a manquer d'oxygène . Affolé,il s'agita et le blaireau le fit remonter...certes de mauvaise volonté ! Il reprit bruyamment sa respiration mais quand il vit que son adversaire était sur le point de le remettre a l'eau,il se dépêcha de répondre a leur question :

-C'est bon ! C'est bon j'vais parler !!! Mais me r'méttez pas a l'eau !! J'suis Tétrik ! Tétrik le Sadique pour être plus précis !

Malgré sa lâchetés,le rat ne put s'empêcher de balancer un mauvais sourire au blaireau ainsi qu'a Martin qui l'avait reconnu .

J'suis ici pour une seule raison : m'débarasser d'Martin ! Pourquoi ? Eh ben j'vais vous l'dire moi ! R'gardez bien cet oeil !

Il désigna son oeil gauche du bout de sa queue et continua ;

-C'moche hein ? C'martin qui ma fait ca ! A cause d'cet idiot j'ai pratiquement perdu un oeil et j'ai était défiguré alors j'ai juré d'me venger ET RIEN NI PERSONNE NE POURRA ARRETER TETRIK LE SADIQUE !

Le rat ne put s'empêcher d'hurler ses dernière paroles tout en lançant un rire...sadique...il n'y avait pas d'autre mot !

[désolé pour le temps que j'ai mis a répondre mais j'étais en vacanses !]

Lorsque le rat cria ses derniers mots, Grataterre se ratatina derrière le bastingage du bateau, non par peur du rat, mais par crainte de la réaction que ce cri allait provoquer chez le blaireau. Se tournant vers Picfrap, elle lui glissa à l'oreille:

-J'm'en allions botter le sale derrrièrre de c'bestiau-là s'y tentions d'toucher à un poil d'la moustache d'notrrre Marrrtin, pourrr sûrrr!

Tout émoustillée par l'idée d'en faire voir au rat de toutes les couleurs, elle ne remarqua pas le regard ironique de son ami.

-C'qui étions sûrr, ajouta-t-elle en glissant un oeil au-dessus du bastingage, c'est qu'l'aurrait point dû crrier, m'est avis.

Anselme tenait toujours le rat d'une main de fer, retenant le sang bouillonnant de ses ancêtres guerriers dans ses veines. Lorsque la vermine se mit à hurler, le blaireau conserva tout son calme, mais l'assomma d'un coup de poing sur le crâne. Il s'effondra :

"Voilà, comme ça nous sommes tranquilles ! Alors, maintenant que nous connaissons la raison de son attaque, qu'allons-nous faire de lui ?"