Un voyage fort éreintant

Il faisait presque nuit quand Yanno atteignit le camp Touffedherbe, aussi ne fut-il pas mécontent de l'apercevoir.
Il frotta ses membres encore douloureux du dernier combat qui l'avait vu s'opposer à des vermines."Ah!" se dit-il à voix haute, "J'ai bien failli ne jamais l'voir c'fichu camp!"
Et il s'avança d'un pas résolu vers le camp.

Effectivement, il avait manqué d'y laisser la vie cette fois; et pour une broutille encore...
Mais bon, c'étaient des vermines et sûrement n'avaient-elles pas volé ce qui leur était arrivé.
Tout avait commencé vers l'après-midi; Yanno Courto cheminait à son aise vers le camp Touffedherbe, lorsqu'une dizaine de vermines en tout genre avait croisé sa route.
Remarquant tout de suite que Yanno n'était pas fort grand pour un blaireau, un rat du nom de de Dentspuantes lança à la cantonade: "Eh! V'z'avez ça les gars!? Visez moi c'te créature! L'a dû rétrécir au lavage!!!
Aussitôt, une hermine à l'air mauvais répondit: [b]"Ouais, pt'être même qu'il va nous filer dare-dare ses provisions s'il veut pas qu'on l'raccourcisse encore d'un cran!!!
Contre toute attente, Yanno Courto sembla obtempérer; il déposa son sac à ses pieds puis, tombant à genoux il supplia:[b]Pitié messires ! prenez tout c'que vous voulez mais laissez moi la vie sauve!!!
[i]Les brigands éclatèrent de rire à s'en taper les cuisses. L'hermine à l'air malfaisant qui répondait au nom de Tronchetordue s'approcha sans méfiance du sac qui gisait à terre. Elle l'avait à peine effleuré, qu'elle retomba aussitôt par terre, le crâne fendu jusqu'au menton. Les autres cessèrent immédiatement de rire et, dégainant leurs coutelas et autres rapières, ils fondirent sur Yanno.
Celui-ci avait maintenant une hache d'abordage dans une main tandis qu' l'autre serrait une courte épée à double tranchant.
En quelques secondes, les vermines eurent droit à un véritable tourbillon de coups semant la mort dans leurs rangs.
Ils avaient beau frapper, parer, voire esquiver, les coups pleuvaient toujours, chaque fois plus meurtriers que les précédents.
En outre, le petit blaireau semblait partout à la fois, impossible à cerner...
Dentspuantes allait s'avancer fébrilement dans le dos de son adversaire lorsqu'il marcha sur une branche morte qui craqua sous le poids de son corps.
Ce faisant, il venait également de remarquer qu'il était le dernier à être debout.
Hurlant de terreur en voyant la face sombre et terrifiante du blaireau se tourner vers lui, il lâcha son arme et tenta de s'enfuir.
Il avait à peine gravi une petite pente qu'il s'écroula d'un seul coup.
Encore vibrante, la hache de Yanno Courto venait de se ficher dans le dos du rat.
Après un profond soupir suivi d'une rapide vérification du bon fonctionnement de son corps et de son équipement, Yanno Courto ramassa son sac et ses armes, et s'en alla d'un pas léger.