Voyage vers l'Est (3)

Pivoine étendue sur son lit entendit un remue-ménage au pont superieur.
Elle entendit soudain un cri Terre en vue ! Terre en vue ! qui fut bientôt sur toutes les lèvres.
Mais elle n'était pas prête.
Et si Martin avait révélé son secret ! Sa respiration s'accéléra tandis que des noms défilaient dans sa tête. Même Touff l'ignorait.
Prise d'une inspiration subite, elle saisit un nécessaire à écrire dans ses effets, et rédigea tout ce qui lui pesait sur le coeur.

Lorsqu'elle eût fini, elle déchira le papier en mille morceaux et jeta les résidus à la mer par son hublot.

Comme soulagée, elle se décida à affronter l'extérieur. Elle ouvrit résolument sa porte et sortit. Personne ne faisait attention à elle, on attendait fébrilement la décision des meneurs de l'expédition, à savoir si l'on débarquait ou pas, et qui partirait en découverte ou qui resterait garder le navire.

Yanno entendit que l'on parlait d'une expédition sur le vaste territoire qui s'offrait à eux; Il s'avança aussitôt pour se porter volontaire:"Hum!!! euh! J'ai vraiment b'soin d'me dégourdir les pattes! Si personne n'y voit d'inconvénient, j'suis volontaire!" cria-t-il au dessus du brouhaha qui s'élevait.

Martin se proposa pour partir explorer l'île. Dugudule proposa quant à lui de rester avec ses musaraignes pour protéger le navire de tout ce qui pourrait l'attaquer.
La souris s'approcha de Touff et Pivoine et leur demanda:
- Vous préférez rester ici ou venir avec nous?

Voyant que personne ne l'écoutait, Yanno fit rapidement son paquetage, puis sauta dans l'eau et commença à nager vers la terre ferme.

[Désolé, je suis débordé en ce moment. Il vaut mieux que je m'arrange pour ne pas handicaper l'histoire].

Le blaireau lui, préféra rester sur le bateau en compagnie de l'équipage, afin de le surveiller. De plus, après plusieurs saisons de vagabondage sans interruption, Anselme avait besoin de se reposer un peu.

Martin, voyant que Touff et Pivoine hésitait, se dit qu'ils suivraient le mouvement s'ils le voulaient. Il se dirigea donc vers le bastingage, l'escalada et, prêt à sauter dans le vide, se sentit le besoin un peu idiot de sortir une phrase censée être historique:

- Pour l'exploration, un saut vers l'inconnu, c'est le trésor le plus précieux!

Son saut ressembla d'ailleurs plus à une glissade incontrôlée, mais une fois dans l'eau, bien qu'étourdi par sa chute, Martin sortit la tête pour prendre une bonne goulée d'air puis replongea pour nager entre deux eaux dans le sillage laissé par les puissantes pattes de Yanno Courto.

Pivoine hésitait. Ne serait-il pas plus simple de rester sur le navire et de fuir le regard de Martin, qui connaissait son secret ?
Pourtant...
Elle se sentait lâche.
Elle regarda pensivement le rivage... et prit une décision. Elle affronterai -au sens figuré- Martin tant qu'elle le pouvait. Plus elle retarderait ce moment, plus ce serait difficile.
S'approchant résolument de bastinage, elle s'apprêta à sauter... Et s'arrêta net.
Sa fourrure ! Il était hors de question qu'elle la mouille ! Ses deux compagnions avaient déjà atteint la terre et semblaient attendre qu'on les rejoingnent.

Soudainement, son visage s'éclaira, illuminé par l'idée qui venait de germer dans son esprit. Avec un sourire en coin, un rien malicieux, elle s'approcha de Touff...

" Touff ? Tououfff ?
- Mmm ?
- Tu veux me faire plaisir ?
- Mouii... Il semblait méfiant.
- S'iiil te plaîîîît !!!"
Son soupir fut assez éloquant: il cédait. Avec un sourire innocent, Pivoine lui demanda alors de la mener en barque jusqu'à l'île.

Il le savait ! Sa cousine lui avait tendu un piège ! Le pauvre Touff suait à grosses gouttes. Il n'aurait jamais pensé que ce fut si difficile de ramer seul !!! La traversé lui sembla interminable. Enfin, la barque accosta.

(-> suite dans "île")

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