Arrivée

Anselme se reposa un instant à l'orée des bois, reprenant son souffle. Il marcha jusqu'aux imposants remparts de grès rouge. Devant la porte principale, justement se tenaient une vingtaine de vermines, en train de parlementer avec une grande loutre, un vieux lièvre en uniforme et une grosse taupe.

"Allons, ouvrez nous les portes, nous ne souhaitons que nous désaltérer et manger quelque chose !"

Anselme découvrit ses crocs et empoigna son bâton. Une lueur rouge apparut dans ses yeux injectés de sang. Tout en courant vers l'abbaye, il hurla :

"Par les crocs et la fourrure, vermines, votre dernière heure est arrivée !"

Le chef hermine ne perdit pas ses esprits et tira son sabre :

"Archers, en ligne derrière moi, abattez-moi ce chien rayé ! Les piquiers, préparez-vous à stopper sa chage !"

Les habitants de Rougemuraille observaient la scène, médusés. Seule la taupe eut la présence d'esprit de faire venir quelques frondeurs sur les remparts pour soutenir l'étranger en danger. Malgré la piètre formation des archers, deux flèches se plantèrent dans l'épaule droite d'Anselme, et une autre dans la cuisse. Mais le blaireau continuait sa charge, imperturbable. A peine arrivé aux piquiers, le bâton de bois noir s'abattit sur des crânes, la solide poigne d'Anselme donna de grands coup de poings. Aveuglé par la fureur, sans pouvoir regarder où il frappait, Anselme, couvert du sang de ses ennemis, riait aux éclats en embrochant ou en fauchant tout ce qui se trouvait devant lui. Lorsque toute la troupe fut décimée, le chef ne se démonta pas et la fourrure rayée se zébra de rouge lorsqu'il frappa sans pitié avec son sabre. Mais Anselme saisit la lame à deux mains, la cassa en deux puis brisa le dos de son ennemi mortel en une terrible étreinte. Enfin, il pencha sa grosse tête rayée, ouvrit la gueule et la referma sur le cou de l'hermine. On entendit une horrible déchirure, et la tête sanguinolente retomba sur l'herbe. Anselme voulut s'approcher des portes monumentales qui se tenaient devant lui pour y cogner, mais il s'effondra par terre. Il entendit cependant avant de sombrer dans l'inconscience les lourds vantaux s'ouvrant, et plusieurs paires de pattes qui s'approchaient de lui...

[Quelqu'un de l'abbaye, svp.]

Messages : 15 Date d'inscription : 21/07/2008

[On est déjà tous partis, alors je poste avec le MJ]

Dès qu'il fut informé de la présence d'un blaireau à proximité, le major Sabretrou (venu pour protéger l'abbaye en l'absence des habituels défenseurs) réagit au quart de tour.

- Allez, tout l'monde dehors, 'spèce de bons à riens, cria-t-il à ses lièvres.
Immédiatement, les guerriers se mirent en rang et sortirent par la porte en fonçant droit sur les vermines qui attaquaient le blaireau vagabond.

Le blaireau fut soulevé par une bonne vingtaine de pattes, qui le traînèrent jusqu'à l'intérieur des murs et refermèrent les portes. Anselme sentit qu'on se rassemblait autour de lui. Il émergea lentement de l'inconscience et se releva à moitié :

"Qui êtes-vous ? C'est ici Rougemuraille ?"

Messages : 15 Date d'inscription : 21/07/2008

Le Major Sabretrou toisa l'immense blaireau qui se tenait devant lui:

- Oui, c'est ici, Rougemuraille. Et je suis l'Major Sabretrou, pour vous servir. Enfin, ça, c'est parc'que v's êtes un blaireau. Fichtre, vous êtes aussi un sacré fou! Vous j'ter sur des vermines tout seul, comme ça. V's êtes pourtant pas sous la soif de sang! Expliquez-nous donc pourquoi une telle idée v's a pris!

Utilisant ses dernières forces, le blaireau se redressa complètement en s'appuyant sur son bâton. Du sang coulait de ses plaies, et les flèches brisées étaient encore plantées dans sa chair :

"Je suivais ces vermines depuis plusieurs saisons. Elles sont responsables de la mort des miens, mais c'est une longue histoire... Connaissez-vous un guérisseur qui puisse soulager ma douleur ? Je tiens à peine debout."

Anselme observa l'endroit. Entouré de hautes murailles de grès rouge, il était dans un immense jardin, avec des cultures, des arbres, et il aperçut même un plan d'eau au loin. Derrière le vétéran lièvre se dressait un édifice colossal de pierre rouge lui aussi, percé de hauts vitraux colorés. Autour de lui se pressaient des lièvres, de nombreuses souris mais aussi des écureuils, des taupes, des hérissons et d'autres créatures des bois.

Messages : 15 Date d'inscription : 21/07/2008

Immédiatement, le major Sabretrou et ses lièvres soutinrent le blaireau pour l'emmener à l'infirmerie.
Là, on désinfecta ses plaies et on lui mit des bandages pour les protéger, avant de lui donner un potion qui, en plus d'apaiser sa douleur, était un puissant somnifère.

Alors que le blaireau dormait, le major Sabretrou dit:

- En tout cas, nous lui d'vons une fière chandelle, car sans lui nous s'rions la proie d'ces vermines encore maint'nant, et c'est toujours plus pratique d'éviter toute confrontation.

Lorsqu' Anselme se réveilla, il faisait sombre ; on était sûrement en fin d'après midi. Il sortit de ses draps blancs et frais et quitta l'infirmerie. Les remèdes et les pansements des frères de l'abbaye semblaient avoir fait merveille : il se sentait beaucoup mieux maintenant. Il tâchait de se repérer dans le dédale des couloirs, lorsqu'il entendit des bruits de pas. Il s'en approcha et demanda :

"Qui va là ? Pourriez-vous m'indiquer où je peux trouver votre père abbé ?"

La solide taupe nommée Creuse-en-chef lui répondit :

"Ben, mon bon m'sieur, c'est-ti qu'ça fait d'nombreuses saisons qu' la bonne abbaye d'Rrrougemurraille n'a point eu d'abbé à sa tête ! C'est ben triste d'ailleurs !
-Je vois, mais à qui dois-je m'adresser ?
-Euh... Il faudrait qu'on réunisse le Conseil des Anciens... Suivez-moi !"

Et le brave terrassier le guida dans l'abbaye.

[Hors-Jeu : Martin, pourras-tu répondre avec le MJ quand tu seras revenu ? Merci.]

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Le Conseil des Anciens fut vite réunit, car il n'y avait, au final, pas tant d'anciens que ça. Le major Sabretrou et Radmaré s'étaient joints à l'assemblée, car ils avaient une meilleure expérience du combat et pourraient être intéressés par les informations que pourrait leur transmettre Anselme.

Une fois que tout ce monde fut installé, on commença à interroger le blaireau.

- Expliquez-nous en détail, si du moins vous le pouvez, votre histoire. Et dites nous si vous attendez quelque chose de notre part.

Anselme se cala dans un gros fauteuil, posa son bâton sur ses pattes et raconta son histoire. Il leur raconta l'assassinat de ses parents, blaireaux du Sud, ses périgrinations avec son grand-père, sa longue poursuite pour décimer la troupe de vermines meurtrières, qui l'avait mené jusqu'à l'abbaye.

"Et c'est ainsi que je suis venu jusqu'à vous. A présent, ma quête est terminée, je ne sais pas ce que je vais faire. Reprendre ma route peut-être..."

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Le major Sabretrou, qui, au départ, avait pensé que le blaireau voudrait rester un peu à Rougemuraille, vit que ce n'était pas le cas.
Comme Anselme n'avait pas l'air de savoir quoi faire exactement, il lui dit:

- Je n'sais pas si c'la v's intéresse, mais une expédition d'explorateurs est partie il y a deux jours en direction du ruisseau Sud. Ils s'dirigent vers l'Est, alors si l'exploration v's tente, v's devriez facilement pouvoir les rattraper. Bien sûr, c'n'est qu'une proposition comme une autre, v's pouvez tout aussi bien partir autre part ou rester ici.

Anselme réfléchit un moment :

"Mes blessures guériront vite, je pourrai les rattraper en une journée et une nuit si je prends un raccourci. Mais il faudrait que vous envoyiez un messager ailé pour les prévenir de mon arrivée, vous ne pensez pas ?"

Puis, Anselme reprit, l'air gêné :

"Et puis, quand cette aventure sera finie, j'aimerais... Enfin... Si vous voulez bien de moi... J'aimerais rester dans votre abbaye."

En réalité le blaireau s'était attaché au grand édifice ogival, aux murailles de pierre rouge, et à la gentillesse de ses habitants.

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- Bien entendu, répondit le major Sabretrou, nous allons vite envoyer Piccolo prév'nir l'expédition. Et pour c'qui est de rester ici, bien qu'n'y habitant pas moi-même tout l'temps, tout nouvel arrivant est fichtrement bien r'çu!

"Merci de tout coeur, major ! Vous n'aurez pas à regretter cette décision. Bon, s'il faut que je les rejoigne le plus vite possible, je ferais mieux de partir à l'instant. Donnez moi des provisions, et je m'en vais."

En parlant, le blaireau s'était déjà levé, et avait ajusté sa cape verte sur ses épaules, et glissé son gourdin dans sa ceinture.

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Tandis qu'Anselme était parti aux cuisines afin de recevoir des vivres de la part de Dermiton, un jeune hérisson qui remplaçait Coupécor durant son absence, le major Sabretrou était allé demandé à Piccolo de prévenir les voyageurs de l'arrivée du blaireau, en échange, bien sûr, de quelques marrons glacés.
Et bientôt les habitants de l'abbaye furent réunis sur les remparts, à souhaiter bonne chance à Anselme, tandis que Piccolo disparaissait déjà vers le sud, en direction de la rivière.

Anselme serra quelques pattes, adressa de grands signes aux habitants de l'abbaye et disparut bientôt dans les bois. Le blaireau vagabond avait tant voyagé qu'il connaissait toutes les astuces. Evitant les endroits ou les arbres étaient trop resserrés, il chemina rapidement de toute la force de ses pattes dans les larges espaces laissés par les hauts et vieux arbres espacés de Mousseray. Anselme disposait d'une telle expérience, assortie évidemment de ses fortes pattes musclées, qu'il pouvait parcourir la distance en deux fois moins de temps que les créatures ordinaires. Il marcha toute la matinée, ne s'arrêtant que quelques minutes pour manger un morceau, avant de repartir. L'après-midi était déjà bien entamé lorsque le blaireau arriva en vue de la rivière.

[Suite dans le sujet de Martin.]