Départ pour l'Est! (Début de la deuxième histoire)

Deux saisons avaient passé depuis que Kulnarg le Sournois et ses vermines avaient perdu la guerre. Après avoir enterré les victimes de cette terrible guerre, un grand banquet avait été organisé, puis la vie avait repris son cours normal. Les habitants de la forêt étaient rentrés chez eux. Roussette Sansnid, qui était arrivée à l'abbaye le jour même du début de la guerre, était quant à elle partie, sans dire au revoir, ce qui avait attristé Martin. Mais il savait qu'elle avait fait le bon choix.
Et l'hiver puis le printemps avaient calmement passé à l'abbaye.

Trop calmement peut-être: certains commencaient déjà à s'ennuyer, à regretter leurs aventures passées. De plus, Coupécor, l'écureuil cuisinier, était tenté d'aller pêcher du poisson de mer pour le cuisiner, comme c'était son rêve depuis longtemps. Ainsi, afin de combler les désirs de tout ce petit monde, un conseil avait été tenu, au cours duquel il avait été décidé qu'une expédition composée de Martin, de Dugudule et de certaines de ses musaraignes, ainsi que de Coupécor et de quelques autres habitants (deux ou trois lièvres, entre autres), partiraient en direction de l'Est pour explorer cette mer inconnue et y pêcher de déclicieux poissons.

Pendant ce temps, Radmaré, ses loutres, les Moinos et un régiment de lièvres de Salamandastron viendraient pour protéger l'abbaye si on l'attaquait. En effet, Biso le Héros était intéressé au plus haut point par cette expédition, et il préparait les choses au mieux pour que l'expédition se déroule bien, curieux qu'il était d'entendre à leur retour le récits des explorateurs.

L'aube du jour du début de l'été fixé pour le départ se leva. Pendant que les voyageurs, une trentaine, préparaient un sac rempli d'affaires pour le voyage, Dugudule et Martin, désigner guides du voyage, regardaient encore une fois leur parcours. Celui-ci descendait sur le long chemin qui longeait Mousseray jusqu'au ruisseau sud. Ici, il voyageraient sur des troncs d'arbres de l'Ugmuray. Ils feraient quelques arrêts pour profiter du paysage du Sud (bien qu'il soit décrit comme très désertique), puis continueraient jusqu'à arriver à un delta qui les mènerait jusque dans la mer de l'Est.

Quelques heures plus tard, tout était prêt. Tout en chantant à tue-tête, le groupe de voyageurs sortit de l'abbaye, non sans avoir auparavant salué et embrassé nombre de ceux qui restaient à l'abbaye, qui eux s'étaient perdus en maintes recommandations.
Le voyage avait commencé.

Cependant, personne ne vit les deux Bout d'Chous, un hérisson et une taupe, qui sortaient discrètement de l'abbaye en profitant de la distraction de la foule autour d'eux...

Grataterre fit mine de donner un coup à Picfrap et se retint au dernier moment.

-T'étions point fou? grommella-t-elle. J'voulions point qu'y nous rr'pérrions à cause de toé, alorrs t'avions intérrêt à fairre attention!

Pendant que les deux Bout-d'Chous courraient à quelque distance de la colonne qui soulevait un nuage de poussière derrière eux, la taupe grondait copieusement son ami, qui avait envisagé d'aller piquer à manger à une jeune souris. Le matin même, les deux compères avaient préparé deux paquetages avec de la nourriture, deux tuniques propres et une flasque de jus de pissenlit. Le hérisson avait tenu à prendre un jouet avec lui, et pour que les choses soient équitable, Grataterre en avait aussi pris un. Comme le sien était plus gros, le hérisson avait insitié pour pouvoir en prendre un deuxième, et ils avaient déjà failli rater le départ à cause de lui. En plus, il avait voulu s'arrêter pour boire, et ils avaient failli perdre la colonne de vue. Mais il portait un paquetage un peu plus lourd, et sans oser se l'avouer, Grataterre aurait eu peur de courir toute seule dans la forêt.

Lorsque vint le soir, les deux Bout-d'Chous avaient cessé de se disputer. Pendant que les grands mangeaient autour d'un petit feu, ils se serrèrent tous les deux entre les racines d'un arbre, grignotère un peu, puis s'endormirent, l'un contre l'autre, sans songer à laisser quelqu'un éveillé pour surveiller.