Après être sorti de l'abbaye, Radmaré mena le premier groupe dans la forêt.
"Bon... Espacez-vous un peu... Gardez vos armes à portée de main !"
Durant leur battue, ils rencontrèrent une famille de loirs qui prenait l'air devant son terrier.
"Bonjour !
-Bonjour. Euh... Que faites-vous ici, avec tous ces grands gaillards armés jusqu'aux dents ? demanda le chef de famille.
-On est justement venus vous prévenir ! Une armée de vermines va tenter d'attaquer l'abbaye, il faut que vous veniez avec nous.
-Hum... On ne va tout de même pas laisser toutes nos affaires ici...
-Ca n'a aucune importance, mon vieux... Mais vous avez raison. Galet ! Embrun ! Vous allez aider cette famille à transporter jusqu'à Rougemuraille ses biens les plus précieux, ainsi que ses réserves de nourriture... Ca fera une contribution pour l'abbaye... Et ensuite, menez-les à la porte ouest. On se retrouve là-bas, pour les inscrire sur le registre d'arrivée."
Les deux loutres se détachèrent du groupe, qui continua son chemin. Ils prévinrent ensuite un couple d'écureuils, puis se dirigèrent vers la maison d'un vieil hérisson irascible, construite au bord de la rivière.
"Ca m'étonnerait qu'il accepte, celui-là ! chuchota Radmaré. Ah, le voilà ! Bonjour, monsieur !"
Le vieil hérisson fumait une longue pipe en écume de mer, assis sur un rocher.
"Bonjour... Que v'nez vous faire chez moi ?
-Vous devez venir à l'abbaye : des vermines approchent !
-Je n'ai pas peur des vermines ! La dernière qui est venue me sert de tapis !"
Il désigna un paillasson d'un air douteux.
"Peut-être, mais ils seront très nombreux !
-Le vieil Aristote Duclos ne s'laissera pas faire, je peux vous le dire !"
Radmaré réfléchit un instant, puis ajouta :
"Et puis, vous pourrez goûter aux provisions légendaires de Rougemuraille !
-Ah, s'écria le hérisson en brandissant une canne en bois noueux. J'ai compris ! Vous voulez m'attirer dans l'abbaye, pour mon talent de cuisinier !
-Allons, Aristote, vous n'allez pas laisser Jeannot Longuepatte tout dévorer !"
Les yeux de Duclos prirent la taille de soucoupes.
"Jeannot... Jeannot Longuepatte de Fifrelet ?
-Celui-là même !
-Ah, pas question que je le laisse vampiriser ces pauvres cuisines ! Je viens avec vous, que vous le vouliez ou non !"
Les loutres allèrent enfin voir une famille de campagnols, puis revinrent à l'abbaye.
[Suite à Rougemuraille.]
Sujet: Battue des loutres 
Dim 20 Juil - 11:46